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H+1
24 décembre 2009

00H59

H plus un, parce que dans une heure, je m’endormirai. Dans une heure le sourire. C’est la nuit, quand tout semble s’apaiser. Atterrissage à contre sens. Le jour parfois. Grosse fatigue, pilules qui font dormir, cachets pour l’angoisse qui donnent sommeil quand même. J’ai la fâcheuse et dictatoriale tendance à briser chaque entité, événement, éventualité qui me ferait faire un pas vers le mieux. Celui-ci même qui ose tenir des propos tel que « je crois que je me sens en vie ».  Alors je reste là avec l’intérieur aussi ankylosé qu’un, je ne ferai pas métaphore pour le coup.

Je me vide de mon sang depuis samedi midi. Je ne me souviens pas de la nuit qui a précédé. Enfin pas dans son entier. Des bouts qu’il faut remettre dans l’ordre, accepter l’alternance de néant. La drogue ou pas. Je me rappelle les quelques bières – très peu, son sourire, son mouchoir dégueulasse informant que « je suis malade même que je sors, même que je m’en fous de te filer ma A ». Et ses yeux. Tout aussi bleus, les mêmes je crois, que ceux du M. Le M. avec qui j’ai bu beaucoup hier comme pour rendre hommage à cette amitié naissante faisant la quasi abstraction des coups et autres sévisses d’humiliation espace public compris. Il est venu chez moi, il devait voir les playmobiles pirates fluorescents de nuit. Il est reparti, a mis du temps à descendre les escaliers. Clairement la lampe de mon hall d’immeuble vaut la peine d’être volée.

Je me vide de mon sang depuis samedi midi environ, je n’ai pas regardé l’heure en me levant. La veille est presque inexistante, mise à part le liquide rougeâtre présageant la mise en place du vide. Que quand devant le miroir – image faisant l’objet d’une remise en cause interne d’once d’humanité – le reflet soit conforme au réel ou inversement. Symbiose dans la représentation, on s’entend.

Je me vide de mon sang depuis samedi midi quand j’ai repris de l’air. Le vide annoncé, flairait mon nouveau statut. Non-existence certifiée par une maîtrise incertaine de l’ignorance. Comme ce soir, dans le bar où ses yeux se posaient sur mon dos et même dans les miens quand je me retournais. Parce qu’il fallait que je regarde. Une évidence c’est toujours comme ça que les choses commencent. Par une évidence. Il était évident de noter mon numéro et de le lui donner avant même d’avoir échangé un seul mot. Il était évident que l’intérieur battrait. Par moment je ne me comprends pas vraiment, l’antagonisme du désespoir versus j’ai un peu trop lu des romans quand j’étais ado laviecestpareiljesuissure. Le « je ne me comprends pas vraiment » est la marque du chemin à parcourir pour éviter les banalités. Quoiqu’il en soit, il n’a pas salué, je n’existe  plus. Bloquée virtuellement là où nos têtes sont toutes affichées à coup de microcosme imposé ou pas.  Il était évident que ça finirait de cette façon.

Je me vide de mon sang depuis samedi midi, les choses ne se passent pas dans les temps. Dix jours plus tard normalement, arrêt de pilule et « règles artificielles » comme ils les appellent. L’intérieur a besoin de place pour créer à nouveau câbles et autres boulons. Je les ai senti pousser et reprendre l’espace qui leur est dû au dedans sur le chemin du retour au minuscule appartement. Quand le M. est parti après que j’ai quitté l’appartement commun par instinct de survie, le corps se vidait aussi et il ne laissait rien passer le cap stomacal non plus.  Je mange encore, mais peu, il faut faire de la place. La prochaine fois, dans le bar, l’évidence sera de plonger les yeux dans ma bière, histoire de faire rouiller les pièces métalliques. Il est tard, pas loin d’un plus un et la descente alcoolique est amorcée.

 

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